AccueilHommageclaude-rousseau

Hommage

Claude ROUSSEAU

Hommage à Claude ROUSSEAU – OULCHY LE CHÂTEAU (6 septembre 2004)

Devant l’église irradiée de soleil, les proches, les amis de Claude Rousseau, se rassemblent, désorientés par la soudaineté du décès.

Les membres du Cercle sont venus nombreux, plus d’une soixantaine malgré la date estivale. Ils avaient connu, bien sûr, le chargé de mission entré en 1970 à la Datar pour 30 ans, ferraillant avec ardeur -et efficacité- pour le désenclavement aérien du Territoire ; ils savaient aussi sa rude franchise pour décourager les projets trop aventurés économiquement.

Plus tard ils avaient apprécié le Vice-Président cofondateur du Cercle, toujours au four et au moulin, partout où il pouvait être utile, des tâches de manutention à l’animation des grands débats. Avec encore, bien sûr, sa redoutable franchise dès lors qu’il suspectait un compromis, ou une dérive, dans les principes d’Aménagement du Territoire.

Mais peu à peu, en même temps qu’ils seront progressivement gagnés par un sentiment de sérénité foncière, les membres du Cercle vont découvrir d’autres facettes de l’homme Claude, facettes diverses mais constituées du même minéral : lors de l’absoute l’officiant invite chaque personne le souhaitant à s’exprimer librement. Les témoignages, les anecdotes, les confidences se succèdent, qui doivent demeurer dans le cadre de leur seule expression orale, mais dont le sens, comme aussi celui des paroles échappées quelques minutes plus tard autour de la tombe, peut être rapporté dans cet écrit.

Frère parfois rugueux mais véritable guide, passionné des océans et du large, mais aussi cuistot raffiné opérant imperturbable par forte mer pour le meilleur moral de l’équipage, aimant les puissantes voitures mais cycliste tenace sur les voies d’Ile de France, adepte des cimes alpines mais recherchant l’acoustique musicale des vieilles églises de piedmont.

Ses amies, elles aussi, sont présentes, décrivant un personnage à la Truffaut dont le charme se diffusait à partir du regard qu’il élevait vers elles.

Dix huit mois auparavant, Claude avait perdu une soeur bien-aimée. A l’anniversaire du décès, il avait soudain clamé sa peine à l’oreille de tous ses amis. Nous apprenons aujourd’hui qu’il avait alors mal vécu le choix familial de l’incinération, considérant que l’homme était lié à un territoire. Là, au flanc d’une colline boisée, dans une prairie partiellement transformée en champ de repos, parmi les fleurs sauvages et les herbes folles, la famille a fait ouvrir une tombe assez profonde pour accueillir tous ses membres, et les cendres de Geneviève rejoignent aussitôt Claude.

Patrice BECQUET